Quel est donc cet homme d’âge mûr, à la physionomie massive et qui apparaît vêtu de la robe caractéristique des ouvriers bâtisseurs du moyen-âge ?
Une abondante chevelure entoure le visage laissant percevoir un sourire tranquille. Un bras vigoureux surgit d’une des manches de sa robe tandis que de la main droite il applique une équerre placée sur une planchette posée sur ses genoux.
Toute cette apparence identifie ce personnage à un laïque bien que placé au milieu de personnages religieux tenant des instruments de musique.
L’identification de l’architecte de la Collégiale semble évidente pour qui examine attentivement le portail Saint-Nicolas, et pourtant durant plus de six siècles il fut complètement ignoré.
En s’approchant de la nervure de l’arcade gauche on pourra lire cette inscription en caractères gothiques majuscules : MAISTRES HUMBRET.
Nombre de personnes sont passées devant ce portail sans pourtant le voir, les prêtres ne le connaissaient pas, aucun chroniqueur n’en a parlé, aucun curieux ne l’avait aperçu.
Ce qui est le plus surprenant dans cette affaire, c’est que les savants et érudits affirmaient de concert que l’architecte de la Collégiale était un certain Guillaume de Marbourg. Il est vrai qu’il fut effectivement l’architecte du chœur réalisé en 1350 alors que le transept de Saint-Martin est de type ogival primitif et il constitue la partie la plus ancienne de l’église !
Ce fut en 1234 que deux bulles papales confirmaient la fondation, par l’évêque de Bâle, d’un chapitre collégial et par la même occasion de la transformation de Saint-Martin en collégiale avec l’accord de l’abbé de Munster.
L’année suivante, on fit appel à un architecte français, Maistres Humbret pour approuver les plans et ouvrir le chantier de remaniement de la future collégiale.
Il commença par abattre les murs du transept roman du croisillon Sud tout en conservant le portail Saint-Nicolas qui devenait ainsi le premier symbole du nouveau style de transition.
Humbret détruisit la construction romane pour la remplacer par les élévations ogivales légères du style gothique aboutissant à la fin du XIIIe siècle à la construction du transept, de la nef, des collatéraux et de la base du massif Ouest.
En 1315, presque la totalité de la nef et du transept étaient achevés. Les travaux furent ensuite interrompus jusqu’à l’arrivée de l’architecte de la cathédrale de Strasbourg, Guillaume de Marbourg.
Ce fut ce dernier qui dessina les plans du chevet et du déambulatoire, et supervisa l’achèvement du grand pignon central et de la tour Sud-Ouest jusqu’en 1330.
Une si belle collégiale dans une si belle ville ,qui tel un diamant brille de mille feux , est posée au centre d’un écrin l’ALSACE mon si beau pays ..