En arpentant la petite ville de Bergheim, je suis tombé sur un étrange décor peint sur la façade extérieure de l’église paroissiale de l’Assomption.
Faites le tour de l’édifice situé dans le bas de la commune, et arrêtez-vous près du choeur (côté tourné vers l’Est). Vous apercevrez sur le mur une longue bande noire avec de curieuse décorations. De quoi s’agit-il ?
Quelques recherches permettent d’identifier cette bande à une « litre funéraire ».
Une « litre funéraire » ou « litre seigneuriale » ou « litre funèbre », ou « ceinture funèbre » ou encore « ceinture de deuil » était une bande noire posée soit à l’intérieur et parfois même à l’extérieur d’une église pour honorer les défunts.
Mais précisons que seul un seigneur du village ou un « collateur » de la paroisse pouvait ainsi en bénéficier à l’occasion de ses obsèques. On appelait « collateur » celui qui percevait à ce titre la plus grande partie des dimes en vin et en grains, et donc très souvent le seigneur du village. En contrepartie, il s’engageait à entretenir le choeur, la sacristie et le presbytère de l’église.
Cette « litre funéraire » que nous trouvons à Bergheim fut peinte en 1735, à la mort du Prince Chrétien III, seigneur de Bergheim, duc de Deux-Ponts.
Comme vous pouvez le constater, elle apparaît sous la forme d’une tenture suspendue par un cordon à crochets à la base de laquelle apparaissent une série de pompons et de fémurs croisés.
Cette coutume semble avoir pris naissance au début du XIXe siècle et caractérisa ensuite les obsèques princières. Le droit de litre faisant partie des prérogatives seigneuriales fut supprimé à la Révolution française