Voici un élément de décor présent sur de nombreuses maisons alsaciennes. Je veux parler de l’« oriel ».
C’est une sorte de balcon clos ou de loggia apparaissant sur une façade ou encore sur l’angle d’une maison. Il s’agit en fin de compte de l’héritier de l’échauguette des anciens châteaux forts du Moyen-Age.
Le mot « échauguette » désignait à l’origine, la sentinelle mais aussi le poste chargé de la garde.
On disait alors « escargaiter » pour garder, épier, surveiller.
A partir de la fin du XIIIe siècle, les portes étaient dotées d’échauguettes en encorbellement couronnant l’entrée.
Pendant les XIVe, XVe et XVIe siècles, les petites loges destinées aux sentinelles étaient appelées « garite, escharguettes, pionnelles » ou encore « escarittes, maisoncelles, sentinelles, hobettes ».
Les « échauguettes » de forme carrée ou cylindrique étaient placées aux angles des défenses principales. Elle étaient souvent couvertes et même munies de cheminées.
Mais revenons à notre oriel. Son emplacement sur la façade ou sur un angle, permettait une vue multidirectionnelle de la rue et un meilleur éclairage de la pièce grâce à deux, trois ou quatre baies vitrées. Un oriel peut s’étendre quelquefois sur plusieurs étages de la maison.
Étymologiquement le mot « oriel » viendrait de l’anglo-normand « oriell », et du latin post-classique « oriollum » (porche ou galerie), qui pourrait aussi provenir du classique « aulaeum » (rideau).
En allemand on le désigne par le mot « Erker » et en anglais par « bow window ».
Certains « oriels » servaient aussi d’oratoire domestique. Il était fréquemment ménagé dans les riches habitations à l’époque du Moyen âge, dans laquelle le chef de famille ou un hôte de distinction se tenait pour prier. On a même trouvé un petit autel dans certains oriels.