Au XVIe siècle, la corporation des Forgerons de Kaysersberg possédait un représentant quelque peu original, Michel Herzer. Originaire de Souabe, il se fit construire en 1592 une belle maison située au n°101 à l’entrée de la rue des Forgerons (évidemment !) dans la partie haute de la ville.
En observant attentivement cette demeure vous allez découvrir quelques détails plutôt surprenants.
Ainsi, sur la traverse d’appui de la fenêtre située du côté droit de la maison, il fit inscrire les initiales « H » et « O » ainsi qu’un emblème de la corporation des … charpentiers alors qu’il était forgeron. (?) La lettre « H » désigne Michel « Herzer » et la lettre « O » son épouse, une fille de Samson « Offinger ».
Sur la chaîne d’angle une inscription commémorative stipule : « Erbaut 1592 erworben u ren 1907 d die stadt Kaysersberg unter burgermeister Weibel Baum Haas ». Sa traduction nous apprend qu’elle fut « Construite en 1592 puis acquise en 1907 par la ville de Kaysersberg sous le maire Weibel Baum Haas ».
Cette même date, « 1592 » figure également sur les trois poteaux torsadés de la loggia au second étage. Quant à la tête monstrueuse se trouvant dans le pignon à résille et dotée d’une poulie, elle fut rajoutée au XXe siècle.
Sur l’appui d’une fenêtre au 1er étage apparaît un texte rédigé en vieil allemand : « Distel u dorn stechen ser, falche zungen och fil mer, so wolt ich lieper in distlen kaien d s m f zungen plaien ».
Dans ce texte le propriétaire des lieux évoque ses sentiments à propos de ceux qui étaient à l’origine d’un bavardage malfaisant à son encontre. Il compare son effet à celui des ronces qui vous griffent sur votre passage.
En voici la traduction : « Les ronces et les épines piquent fort, les mauvaises langues bien davantage, c’est pourquoi j’aimerais mieux tomber entre les ronces que d’avoir affaire à de mauvaises langues ». Comme quoi, la jalousie et la convoitise avaient déjà un effet dévastateur à cette époque-là.
En fait ce furent les dépenses engendrées par la restauration de cette maison qui déplut fortement à une bonne partie de la population au point que le maire Weibel se crut obligé de faire graver dans le bois de l’appui de fenêtre entre deux têtes humaines le texte suivant : « Ihr burger seyt nich aergerlich da wieder scheint die sonn auf mich ». Il nous communique les états d’âme de son propriétaire : « Vous citoyens ne soyez pas fâchés parce que le soleil éclaire à nouveau ma maison ».
Pour découvrir d’autre richesses architecturales se référer au livre « LES COULOIRS DU TEMPS DE KAYSERSBERG »